[États gén. 1789. Cahiers.| ARCHIVES PAR
DISCOURS
Prononcé par M. de Brunel de LA bruyère, procureur au Roi, à la dernière assemblée générale des trois ordres de la sénéchaussée de . Nîmes, tenue le 3 avril 1789.
Messieurs, un même esprit a paru présider à vos délibérations séparées. Egalement jaloux du bien de l'Etat, vous n'avez différé que sur les moyens d'y concourir, et vous vous êtes réunis, par un accord admirable, sur les principes fondamentaux desquels dépend la régénération de la patrie. Le3 intérêts particuliers, qui d'abord s'étaient offerts à vos regards, se sont évanouis devant la majesté de l'intérêt public ; vous avez voulu ne porter dans l'assemblée nationale que des objets dignes de son attention et qui pussent influer sur le bonheur des générations futures. Vous avez répondu pleinement à la confiance de vos concitoyens par votre impartialité, votre zèle et votre sagesse.
Ministres des autels, vous nous avez donné l'exemple des sacrifices que la religion commande. Vous consentez à contribuer aux impôts dans la même proportion que les autres sujets ; faites un pas encore, veuillez payer avec eux, et nous n'aurons plus rien à désirer de votre justice.
Noblesse loyale et généreuse, vous avez porté, dans la discussion des affaires publiques, cet esprit de franchise, de désintéressement et de droiture, qui fut votre premier caractère. Conservez précieusement ces antiques vertus ; et les peuples, accoutumés à vous suivre dans le chemin de l'honneur, aimeront à marcher sur vos traces dans la carrière de l'administration.
Citoyens du tiers-état, maintenez au milieu de vous l'union qui fait votre prépondérance et la modération qui doit caractériser les démarches d'un peuple qui se respecte. Vous avez élevé vers le trône de légitimes doléances, car c'est sur vous
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que pèsent tous les abus ; attendez avec confiance ce que le monarque et la nation décideront darjs leur sagesse.
En retournant dans vos foyers, inspirez aux toyens qui vous élurent ces sentiments de tranquillité, de concorde, cet amour du bien public, qui ont dicté vos délibérations. Eloignez de leur esprit cette inquiétude qui agite d'autres provinces. Dites-leur les besoins de l'Etat et les vertus du prince. Préparez-les à de nouveaux sacrifices, et ne leur dissimulez point que l'auguste assemblée dans laquelle ils mettent leur espoir ne pourra réparer à la fois tous les maux de ce vaste royaume.
Et vous, Messieurs, qui avez été librement nommés par vos pairs, vous que nous pouvons appeler l'élite des bons citoyens, allez porter au pied du trône les vœux des sujets, et pesez à la fois ce que l'Etat doit à leurs besoins et ce qu'ils doivent à la patrie. Songez que c'est parmi vos concitoyens que vous recevrez la récompense de vos travaux et mérite. Que votre retour soit, comme votre élection, marqué par les acclamations publiques. Ne vous laissez pas étonner cependant par l'importance de vos devoirs; vous remplirez dignement les fonctions que vous n'avez pas briguées. Soyez pleins d'espérance ét de courage-la nation vous a choisis; le souverain vous appelle, et un ministre, ami des peuples, va présider à vos conseils.
Nous requérons qu'il soit ordonné que tous MM. les députés nommés par les trois ordres, et qui sont ici présents, prêteront serment en la forme de droit, de bien et fidèlement exécuter le mandat qui leur a été confié, et de se conformer exactement à leurs instructions; auquel effet, les cahiers qui ont été rédigés séparément par lesdits trois ordres, et qui sont sur le bureau, leur seront remis avec trois extraits collationnés du procès-verbal; de laquelle remise il soit octroyé acte.